Le projet était de faire un voyage dans le quotidien d'un petit groupe d'adolescents, de se déplacer dans les quartiers qu'ils habitent, de les accompagner sur leurs lieux de rendez-vous, de connaitre leurs centres d'intérêts, leurs préoccupations, et de découvrir la façon dont ils s'emparent des outils numériques pour communiquer entre eux.
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Ce travail a pu se dérouler durant l'année scolaire 2015/2016 avec les élèves d'une classe de première grâce à Nelly Turonnet enseignante documentaliste au Lycée Les Chartrons à Bordeaux.
Partant du principe que chacun est un individu porteur d'une sensibilité particulière, d'une histoire, d'une manière de s'exprimer dans différents domaines, j'ai proposé aux lycéens de donner chacun une partie de ce qu'ils sont, de ce qu'ils savent faire, de ce qu'ils connaissent, de ce qu'ils aiment, de ce qui les met en colère, pour créer ensemble 4 personnages imaginaires qui leurs ressembleraient.
Pour construire ce projet, nous avons pris des photographies avec des téléphones mobiles et nous nous sommes postées, elles ont aussi circulé sur des clés USB, et nous les avons travaillé avec des logiciels numériques. Nous avons écrit par fragments la biographie des personnages. Nous avons repéré sur des cartes leur lieu d'habitation. Nous avons composé leur famille, dessiné leur chambre et avons convenu des connections qui existaient entre eux. Peu à peu ils ont pris corps, se sont envoyé des messages électroniques et se sont donné des rendez-vous. Notre scénario nous a permis de nous déplacer dans la ville. Certains élèves ont écrit les dialogues tandis que d'autres prenaient du son, filmaient où jouaient les rôles des personnages et des figurants.
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Le mode d'écriture par fragments et par assemblages que nous avions choisi pour transposer facilement ce travail dans un format numérique, s'est avéré cohérent et juste vis à vis des adolescents. En effet, notre rythme de progression fut irrégulier, certains jours fluide et parfois plus hésitant en fonction de l'humeur ou des craintes des élèves quand ils manquaient d'assurance et refusaient de se distinguer devant les autres, inconscients de leurs richesses. Il fallait mener ce projet avec la volonté de rester à l'écoute pour accueillir les nouvelles propositions qui surgissaient parfois de manière imprévue. Il fallait toujours encourager les prises de décisions et maintenir ouverte la forme de l'écriture vers de nouvelles pistes.
La réalisation numérique rendue possible par l'intervention de Guillaume Hillairet est ainsi restée susceptible jusqu'au dernier moment de s'enrichir d'un nouveau lien vers une nouvelle fenêtre, un nouveau texte ou une nouvelle vidéo.
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