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De Grands Espaces

mars / juin 2020

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Il fallait gagner de la place

au sein d'un périmètre restreint

dont le rayon ne dépassait pas mille mètres

 

 

dépister des passages

dans des interstices plus petits

​

explorer

une à une

toutes les ouvertures

 

​

​

s'engager

dans des trajectoires

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​

multiplier les détours

​

​

repérer

le réseau des nervures

et des flux

divergents

du sentier principal

 

tromper

la distance autorisée

s'aventurer

sur les traces claires

 

même sans issue

 

surprendre des rochers blancs

en cascade

​

un arbuste en fleurs

​

les plis calleux des écorces

 

enjamber les racines rampantes

qui percent la terre et les cailloux

​

 

 

 

 

à moins qu'il s'agisse

de l'empreinte desséchée

d'un ruisseau

 

la poursuivre

​

 ​

gravir

essoufflée

les sinuosités vers une source

improbable

​

​

 

faire demi-tour

 

griffée par les ronces

se rapprocher

peu à peu

des courbes herbeuses

qui s'étirent dans le vent

 

des sillons gravés

sur le dos des pierres

regarder venir l'orage

au travers des broussailles emmêlées

découvrir de nouvelles directions

parmi le désordre apparent

de ces lignes végétales

qui se balancent

​

dans l'univers microscopique

et minutieux

des insectes

des fourmis et des escargots

 

aspirer les bourrasques

surgissant comme des vagues

en plein visage

se pencher

avec les tiges souples

​

dansantes

​

déceler

à quelques instants fugaces

les dessins précis

lancés

 

comme au hasard

d'un précaire bricolage

​

les jonctions

acrobatiques

​

la position des diagonales

en équilibre

​

les liens tremblants

​

accès

vers d'autres points de fuite.

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